
Dans de nombreuses cultures, les tatouages constituent une forme d'art, d'expression corporelle. Historiquement, il s'agit d'un rite de passage ou d'identification, mais qu'en est-il dans l'Islam ? Conformément aux enseignements prophétiques et les hadiths, les marques corporelles sont formellement interdites ou haram, aussi bien pour les hommes que pour les femmes. Les textes sont clairs à ce sujet, il n'y a pas de débats. S'agissant d'une modification corporelle, les tatouages altéreront la création du Très haut pour qui la pureté revêt une importance capitale. En revanche, l'utilisation de henné ou henna est permise, car elle ne modifie pas de manière permanente l'apparence du corps.
Pourquoi les tatouages sont-ils prohibés dans la religion musulmane ?
Bien qu'aucun texte du texte sacré ou des hadiths (recueil des actes et paroles de Mahomet) ne mentionnent clairement l'interdiction de se faire marquer la peau, la majorité des écoles de pensée islamiques les considèrent comme un péché grave. Selon la tradition islamique, le corps est considéré comme une conception parfaite du Très haut. Par ailleurs, la pureté est cruciale. Voilà pourquoi toutes modifications corporelles permanentes sont harams (défendus).
Du fait de sa permanence, le tatouage peut altérer la conception parfaite du Très haut, ce qui constitue donc un acte d'insubordination. D'après les préceptes islamiques, se faire marquer la peau est considéré comme un manque de gratitude envers le Très Haut et constitue un rejet de sa conception parfaite. Cet acte peut alourdir l'âme et affaiblir la foi. Les avis des oulémas (savants religieux musulmans) à ce sujet varient néanmoins. Leur interprétation du droit islamique et des textes diffèrent.
Certains imams avancent que l'impact du tatouage va au-delà de l'aspect physique. Le fait que ce soit un péché qui éloigne une personne du Miséricordieux, il impacte sur l'âme. Ibn Mas'ud, un des meilleurs récitateurs du Coran et compagnon du prophète prône que : "Allah maudit celles qui font les tatouages ainsi que celles qui se font tatouer, celles qui se font épiler les sourcils, celles qui se font limer les dents par coquetterie, altérant ainsi la création d'Allah. » Pour lui, les marques sur la peau sont une ruse shaytan et tous ceux qui y succombent commettent un péché. Ibn 'Omar, quant à lui, dit : « Le Messager d'Allah a maudit celle qui rallonge les cheveux avec des cheveux humains ou artificiels et celle qui se les fait rallonger ainsi que la femme qui tatoue et celle qui se fait tatouer. »
Néanmoins, selon certains juristes de l'école de droit ja'fari (chiite), cette technique est halal (autorisée). Selon eux, elles n'interfèrent en rien avec la purification ou le wudhu, car l'encre passe "sous" la peau. Malgré cela, les pratiquants n'osent pas braver cet interdit de peur de se faire rejeter, surtout s'ils comptent se rendre dans les pays conservateurs.
Quel est le jugement religieux concernant les tatouages temporaires ?
Le henné ou henna n'est pas haram selon la Sunna, le recueil de l'ensemble des traditions se rapportant au Prophète et ses compagnons. D'après cette seconde source législative islamique, il ne rentre pas dans le cadre du tatouage. Des recueils de traditions islamiques authentiques mentionnent même que Mahomet en utilisait pour teindre ses cheveux et soigner des blessures.
Le henna ne modifie pas de manière permanente le corps et s'estompe avec le temps, voilà pourquoi il n'est pas haram. Certains pensent que s'il est appliqué de façon pure et respectueuse, c'est toléré. Par contre, il ne doit pas être utilisé pour défier les principes religieux ou attirer les regards inappropriés. De plus, il faut choisir avec attention les motifs. Privilégiez les dessins qui véhiculent des valeurs positives :
- Le nom du Très Haut.
- Des versets du Coran.
- Des symboles islamiques.
- Des hadiths.
- Des symboles de foi.
Dans certaines communautés islamiques, le henna se porte même pour les occasions spéciales (mariage, célébrations et festivités religieuses).
Que faire si l'on regrette d'avoir un tatouage ?
Le Miséricordieux pardonne même les plus grands péchés, y compris se faire des marques corporelles, mais il faut respecter certaines conditions :
- Cesser le péché.
- Se repentir avec sincérité (Tawbah).
- S'engager à ne pas recommencer.
Cet acte de repentance se fait entre vous et le Très Haut. Pour ce qui est d'enlever le tatouage ou non, le sujet fait débat. Certains avancent qu'il est préférable de l'effacer s'il n'y a pas de risque pour la santé, tandis que d'autres considèrent que ce n'est pas une obligation. Si sa suppression provoque une blessure ou s'avère très douloureuse, il n'est pas obligatoire de le faire selon les versets coraniques suivants :
- Coran, al-Hajj, 78. « Il ne vous a imposé aucune gêne dans la religion. »
- Coran, al-Baqara, 185. « Allah veut pour vous la facilité, Il ne veut pas la difficulté pour vous. »
- Coran, al-Baqara, 286. « Allah n'impose à aucune âme une charge supérieure à sa capacité. »
- Coran, an-Nissa, 28. « Allah vise à vous alléger les charges. »
Une fois que vous avez fait repentance, votre péché est pardonné et votre âme n'en souffrira pas. Vos prières sont valides tant que vous faites vos ablutions (wudu) selon les savants religieux.
Que dit la tradition sur les moyens d'embellissement conformes ?
Dans le Saint Livre, il est fait mention de l'importance de l'hygiène et de purification. “Certes, Allah aime ceux qui se repentent constamment et Il aime ceux qui se purifient.” (2 : 222). Les versets coraniques et le Prophète Mohammed lui-même encouragent les croyants à soigner leur chair. Contrairement aux idées reçues ou aux avis de certains extrémistes, le Saint Livre ne s'oppose pas en effet à l'embellissement. Selon les hadiths, "Allah est Beau et Il aime la beauté.” Cela sous-entend que la beauté est un attribut divin et que s'apprêter n'est pas contraire à la loi islamique, à condition de trouver une technique qui ne pollue pas la pureté de l'œuvre du Très Haut.
L'utilisation de cosmétiques est permise s'ils ne modifient pas de manière permanente l'apparence. Le henné est donc toléré dans de nombreux pays musulmans du fait de sa temporalité, il s'estompe au fil des jours. Dans certains recueils de traditions islamiques, il est même recommandé pour les femmes. Cette coloration peut s'appliquer sur les paumes de mains et les plantes de pied. Étant donné que le henna forme une couche imperméable au-dessus de la peau, il permet aux ablutions de passer, ce qui valide les prières.
En ce qui concerne le khôl qui est utilisé pour dessiner le contour des lèvres ou noircir les paupières, son autorisation fait aussi débat dans le monde musulman. En général, il est halal (autorisé), à condition qu'il ne s'applique pas dans le but d'attirer les regards. Concernant le maquillage et le parfum, la modération est préconisée, surtout en présence d'étrangers. La gent féminine est autorisée à profiter des soins de beauté comme les soins du visage, les manucures et les pédicures, à condition qu'ils soient effectués par une personne du même sexe.
Pourquoi certaines personnes choisissent-elles de se faire tatouer malgré tout ?
Malgré la prohibition claire, certaines personnes de confession musulmane osent se faire marquer la peau, en particulier celles qui résident en Occident. Leurs motivations sont souvent liées à des questions de culture et d'expression personnelle. Pour beaucoup, ce rite permet de raconter son histoire. Une personne ne décide pas de marquer la peau pour la beauté d'un dessin, mais pour commémorer un événement important. Les nouvelles générations d'islamistes sont plus ouvertes par rapport à ce qu'ils considèrent comme une forme d'art.
Les convertis à l'Islam tatoués regrettent cet acte. Pour se rapprocher du Très haut, nombreux envisagent de l'éliminer, mais cela n'est pas une obligation. Une fois que vous vous convertissez, vous renaissez de nouveau. Vos actes passés ne peuvent vous tenir rigueur et Dieu est miséricordieux. Vous devez comprendre que c'est mal et ne plus recommencer.
Des pratiquants indonésiens ont profité du programme de détatouage mis en place par l'Agence nationale Amil Zakat (Baznas) pour ce faire. Ce service gratuit est proposé pendant le ramadan pour leur donner l'occasion de « se repentir ». En Indonésie, même si la majorité des 220 millions de musulmans sont sunnites, pratiquent une religion plus modérée, cette pratique est toujours perçue négativement.
Pour divers peuples, les inscriptions sur la peau sont profondément ancrées dans leur culture, à l'instar des Polynésiens. Pour eux, il s'agit d'un art commencé il y a 3 000 ans et qui raconte une histoire en utilisant la peau comme une toile. Avant l'islamisation, les Berbères ou amazighs arboraient fièrement des tatouages, symboles d'appartenance et de statut social. Ils servaient à marquer les étapes importantes de la vie, à exprimer leur identité culturelle. Cette pratique revient aujourd'hui au goût du jour, même chez les femmes de confession musulmane pour honorer leurs ancêtres et faire perdurer cet art ancestral.
FAQ sur les tatouages en Islam
Les pratiquants et les nouveaux convertis se posent de nombreuses questions sur les interdictions dans l'Islam, dont les modifications corporelles permanentes. Essayons de clarifier vos doutes.
Les tatouages sont-ils tous interdits ?
Pour la majorité des écoles de pensée islamiques, aussi bien chiites que sunnites, se faire marquer l'épiderme est interdit, bien qu'il n'existe aucune mention de cette prohibition dans le Coran. Cette prohibition est basée sur les recueils de traditions islamiques de Mahomet qui dénoncent que ces changements permanents sur la chair altèrent l'œuvre de Dieu. Certaines écoles de pensée islamistes tolèrent néanmoins certains types de dessins religieux, mais demandez d'abord l'avis de votre chef spirituel avant de vous lancer.
Qu'est-ce que le repentir dans l'Islam ?
Pour le prophète Mahomet, il s'agit d'un péché grave, mais dans sa miséricorde, le Très Haut peut le pardonner, à condition de se repentir avec sincérité. Dans cette religion prêchée par Mahomet, cela implique de revenir sur ses erreurs, de regretter sincèrement ses péchés et de revenir dans le droit chemin en évitant de refaire les mêmes erreurs.
Le henné est-il autorisé ?
Les modifications semi-permanentes comme le henné sont sujettes à controverse. Les opinions de la communauté islamique divergent, mais la majorité considère le henna comme halal étant donné qu'il ne pénètre pas dans la peau et n'entrave pas les ablutions. De plus, les modifications ne sont pas permanentes, car le henna s'estompe au fil des jours.
Réflexions et implications de l'interdiction des tatouages
La religion musulmane encourage la préservation de la chair, une conception divine. Donc, toutes modifications corporelles permanentes sont interdites (harams) comme se faire inscrire des textes ou dessins sur la peau. Cette prohibition soulève un débat auprès des nouvelles générations d'islamistes qui considèrent le tatouage comme une forme d'art et d'expression personnelle. Elle soulève aussi des questions auprès des convertis tatoués. Mais dans tous les cas, cette prohibition rappelle aux pratiquants l'importance de préserver la pureté du corps et invite à réfléchir sur les implications spirituelles des actes de beauté.