Les droits des LGBT au Maroc

À une époque où le mariage entre les personnes du même sexe est légalisé, certains pays voient toujours d'un mauvais œil les personnes homosexuelles. C'est notamment le cas du Maroc ou l'homosexualité reste un sujet particulièrement sensible et tabou. Selon la loi, les homosexuels marocains risquent des amendes et des peines de prison lorsque leur orientation sexuelle est découverte par les autorités. Les associations de défense des droits des LGBT se retrouvent souvent impuissantes face aux attitudes sociales et au manque d'ouverture du gouvernement marocain. Voici tout ce que vous devez savoir sur les droits des LGBT au Maroc.

Quelles sont les lois qui pénalisent l'homosexualité au Maroc ?

L'homosexualité reste toujours un sujet tabou au Maroc où elle est considérée comme illégale et punie par la loi. Selon l'article 489 du Code pénal marocain, les relations sexuelles entre personnes de même sexe sont en effet contraires à la loi. La législation criminalise ainsi les comportements qui sont jugés comme des « actes licencieux ou contre-nature avec un individu du même sexe ». L'article 489 pénalise également les actes de « perversion » et de « débauche » par des sanctions qui peuvent inclure des peines d'emprisonnements pour un individu homosexuel au maroc.

Ceci regroupe précisément les actes d'atteinte à la pudeur d'une part, mais aussi les cas d'adultère ainsi que les relations sexuelles entre personnes non mariées d'autre part. Si la loi est très claire sur le sujet, les condamnations restent cependant souvent assez rares. Dans quelques rares situations, la loi peut en revanche être appliquée et les personnes LGBT peuvent être poursuivies et condamnées à cause de leur orientation sexuelle.

Les condamnations peuvent ainsi aller d'une simple amende à une peine de prison avec sursis. Dans quelques rares cas, les autorités judiciaires appliquent une peine d'emprisonnement ferme pouvant aller de 6 mois à 3 ans de prison comme cela est prévu par la loi 489. Quant aux amendes, elles vont généralement de 120 à 1 200 dirhams, ce qui correspond à environ 140 euros. Si quelques citoyens marocains restent en faveur d'une attitude plus libérale, le gouvernement marocain, soutenu par une écrasante majorité de la population, refuse de façon catégorique d'assouplir cette loi.

Quelles sont les lois qui pénalisent l'homosexualité au Maroc ?

Quels types de condamnations subissent les personnes LGBT au Maroc ?

En ce qui concerne les condamnations en raison d'une orientation sexuelle jugée perverse ou déviante, les juges ne se basent pas toujours sur la loi 489 du Code pénal marocain qui criminalise explicitement les actes homosexuels. Les condamnations sont souvent basées sur des délations ou des comportements perçus comme déviants. Les organes de justice invoquent ainsi dans la majorité des cas des motifs tels que :

  • La promotion de la prostitution,
  • La prostitution ou la débauche de mineurs,
  • Le regroupement non autorisé,
  • L'incitation à la débauche,
  • L'outrage…

Les relations homosexuelles au Maroc, tant féminines que masculines, peuvent également être poursuivies pour des faits de terrorisme, pour association de malfaiteurs, ou encore pour vol ou atteinte à la pudeur. Les arrestations des personnes LGBT se déroulent généralement dans le cadre d'une agression de rue, d'un contrôle d'identité, ou en raison d'une expression de genre non conforme aux normes sociales. Habituellement qualifiées de « déviants sexuels » par la justice marocaine, les personnes LGBT peuvent aussi se faire arrêter à la suite d'une dénonciation du voisinage. Le Moqadem, qui n'est autre que l'agent de surveillance du quartier, peut aussi dénoncer les individus qu'il soupçonne d'avoir des orientations sexuelles déviantes.

Si l'on en croit les calculs de Kifkif, ce sont plus de 5 000 personnes « homosexuelles » qui seraient passées devant les tribunaux depuis l'indépendance du Maroc en 1956. Dans la majorité des cas, ce sont les hommes qui sont accusés d'avoir enfreint l'article 489. Selon un rapport de l'organisation non gouvernementale Human Rights Watch du 4 mars 2015, des aveux forcés sont souvent extorqués sous la contrainte de la police et on assiste aussi à des procès inéquitables. Ceci constitue une grave violation des droits de l'homme.

Comment l'homophobie se manifeste-t-elle dans la société marocaine ?

La société marocaine reste, dans son ensemble, particulièrement conservatrice sur le sujet de l'homosexualite. L'homophobie reste un problème persistant et les personnes homosexuelles sont marginalisées, provoquées par la population, insultées, voire violentées par les forces de l'ordre. Les individus considérés comme des homosexuels peuvent être victimes de harcèlement et de discrimination. Les homosexuels au Maroc peuvent également avoir plus de mal à trouver un hébergement, un emploi, et sont habituellement confrontés à des problèmes dans leur vie quotidienne.

Comme les personnes homosexuelles, les organisations de défense des droits de l'homme et des droits des individus de la communauté LGBTQ + sont aussi marginalisées au Maroc. La plupart de ces organismes sont souvent obligés de travailler dans la clandestinité. Le débat public sur les droits des homosexuels au Maroc reste majoritairement défavorable et rare sont les voix qui militent pour la liberté sexuelle.

Les personnes lgbt au Maroc ne portent généralement pas plainte contre à la police ou à la gendarmerie par crainte de représailles. Pour vivre pleinement leur orientation sexuelle, de nombreuses personnes homosexuelles n'hésitent pas à quitter le Maroc. Il faut aussi dire que la pandémie de la COVID-19 n'a pas arrangé les choses. Cette période a eu un impact plus que négatif sur la capacité des personnes à se protéger, mais également sur le travail des organisations LGBTQ

Comment l'homophobie se manifeste-t-elle dans la société marocaine ?

Pourquoi le Maroc est-il considéré comme une destination à risque pour les LGBTQ+ ?

Le Maroc a évolué d'une image de « paradis gay » à celle d'une destination moins sécurisée pour les personnes homosexuelles, reflet d'un environnement juridique et social hostile. Les lois qui criminalisent les hommes et les femmes homosexuels ainsi que les comportements sociaux conservateurs font en effet de ce pays l'une des terres les plus hostiles à la communauté gay. Même si les relations sexuelles entre les individus du même sexe ne sont pas clairement soulevées par les tribunaux, elles constituent en grande partie les motifs sous-jacents de la plupart des condamnations.

De plus, les démonstrations publiques d'affection comme s'embrasser en public ou se tenir par la main, même entre les couples hétérosexuels, sont souvent mal vus par une tranche de la population. L'absence de protection légale, les campagnes de harcèlement et de discrimination, les attitudes sociales, ou encore les violences font du Maroc l'une des destinations les plus risquées au monde pour les hommes et les femmes homosexuels.

Les personnes homosexuelles ainsi que les associations de défense des droits des LGBTQ+ font face à de nombreux défis au Maroc. Discrimination à l'emploi et à l'hébergement, insultes, intimidation, violences… la communauté gay n'est pas épargnée par la population ni par les autorités de justice. Le pays a besoin d'une refonte totale fondée sur le changement des mentalités et la promotion du respect des différences pour garantir une plus grande acceptation et une inclusion des personnes LGBTQ +.